Personne ou presque n’attendait le monde de la sécurité sur le terrain de la responsabilité environnementale, sociale ou sociétale. Pourtant, force est de constater que ce secteur amorce des initiatives encourageantes en faveur de la protection de l’environnement, de l’inclusion, de la diversité et de l’éthique. De quoi rappeler que la mission première des forces engagées et des acteurs qui les accompagnent dans leurs missions reste de protéger les biens et les personnes !

Au coeur de la protection de l’environnement

De plus en plus d’entreprises s’engagent, avec des politiques RSE ambitieuses, à l’image du groupe de sûreté-sécurité français SERIS. Ce dernier présente des axes de politiques environnementales clairement établis : diminution des impacts sur l’environnement dans le cadre de leurs activités, recyclage de leurs déchets, sensibilisation aux éco-gestes ou encore participation à la bonne application des politiques environnementales de leurs clients sur leurs sites[1]. La sécurité publique s’engage également dans le respect de l’environnement. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé « renforcer massivement les moyens de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement » et créer « 3 000 postes de “gendarmes verts” ». Il ajoute : « L’objectif est que, dans chaque brigade de gendarmerie, il y ait des gendarmes formés aux atteintes à l’écologie »[2]. L’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement (Oclaesp) verra ainsi ses rangs se renforcer alors même que les atteintes à la nature se multiplient, comme en témoignent l’accroissement des dépôts sauvages ou encore le développement des trafics illicites de bois dont le traçage est aujourd'hui compliqué.

La question de la décarbonation, qui fait grand bruit au sein de la société civile est également au coeur des enjeux des entreprises de la défense et de la sécurité. Airbus, Air France-KLM, Thales, Safran, Dassault Aviation ou encore le Groupe ADP annoncent soutenir la Déclaration de Toulouse sur la décarbonation et le développement durable. « Nous continuerons à investir dans la maturation, le développement et la mise en œuvre des technologies de décarbonation - notamment les opérations, les avions et les moteurs de nouvelle génération, les carburants aéronautiques durables (SAF) et les carburants synthétiques. Nous nous tournerons vers les institutions pour soutenir le développement et le déploiement des innovations, notamment par le biais d'instruments de partenariat de recherche public-privé éprouvés (tels que Clean Aviation, SESAR et CORAC), ainsi que des politiques de soutien appropriées pour accélérer le renouvellement de la flotte et l'incorporation des SAF dans des conditions économiques viables pour toutes les parties prenantes » ont-ils déclarés[3]. Depuis 2020, la totalité des avions produits par Airbus émettent autant de CO2 sur leurs 20 ans d’exploitation que la France en une année, témoignant des efforts fournis par l'entreprise pour améliorer son bilan carbone.

Policiers du RAID dont certains équipés de matériel d'escalade, lors de Milipol Paris, ils sont entourés de stands d'exposition

L’inclusion et la sécurité

Les femmes dans le monde de la sécurité privée représentent 14 % des effectifs[4]. Ces statistiques n’augmentent guère lorsque l’on s'intéresse au secteur de la cybersécurité qui, lui, comporte 11 % de femmes seulement[5]. Une sous-représentation criante qui tente d’être abolie par certaines entreprises. Le comité de direction de Securitas France, composé à 40 % de femmes, fait figure d’exemple dans le secteur[6]. Au sein du Groupe SERIS, elles sont plus de 20 % dépassant ainsi la moyenne nationale de la branche[7]. D’autres initiatives encourageantes émergent, à l’instar de Ligencia, structure de sécurité privée créée par Pascale Ah-Toy après 10 ans dans le renseignement. « Chez Ligencia, tous les collaborateurs sont féministes, il n’y a aucune différence entre les sexes, nous sommes tous égaux dans nos opinions et complémentaires dans nos actions », indique-t-elle, et de poursuivre : « Il est vrai que les femmes sont peu nombreuses dans ce métier, pourtant je suis convaincue que la sécurité est instinctive chez nous »[8].

La sécurité publique s’investit à son tour. La Direction Centrale du Recrutement et de la Formation de la Police nationale a créé une mallette pédagogique destinée à former et sensibiliser tous les nouveaux agents de police aux enjeux de diversité et d’égalité. La Gendarmerie nationale depuis l’automne 2021 renseigne sur le site AccèsLibre.gouv.fr toutes les données d’accessibilité aux gendarmeries pour « faciliter le choix des personnes en situation de handicap lorsqu’elles doivent se rendre dans une gendarmerie, par exemple pour déposer plainte ou signer une procédure, qu’elles sachent dans laquelle elles auront le moins de difficultés à accéder »[9] explique la Lieutenante-colonelle (LCL) Marielle, à l’initiative de l’engagement de l’institution dans cette démarche.

Un homme et une femme se serrent la main sur un stand

L’éthique

Le monde de la sécurité a également dû faire face à de nombreux détracteurs sur la question de leur rapport à l’éthique. Ainsi, en 2014, les pouvoirs publics ont rédigé le Code de déontologie des personnes physiques ou morales exerçant des activités privées de sécurité destiné aux professionnels du secteur. Cette législation contient quelques principes fondamentaux tels que l’interdiction de toute violence excepté dans le cadre de la légitime défense, la confidentialité ou encore l’interdiction de se revendiquer de l’autorité publique. Au-delà de ces premiers jalons législatifs, quelques groupes privés ont rédigé leur propre charte éthique. Lutèce sécurité privée recrute essentiellement grâce à la cooptation afin de s’assurer de la qualité de ses collaborateurs. L’entreprise n’accepte un candidat « que si le comportement et les compétences de l’intéressé sont reconnus par au moins deux responsables de la société »[10]. Deveryware, entreprise spécialisée dans les technologies d'investigation et services pour une sécurité globale, a reçu le label RSE Toumaï qui comporte plusieurs volets dont l'intérêt des consommateurs, l'éthique, l'environnement ou encore le droit des personnes.

La cybersécurité est également très impliquée. Tehtris, entreprise de lutte contre le cyber espionnage et le cyber sabotage, a ainsi été reconnue comme une entreprise à mission avec des engagements forts notamment au niveau de l'éthique où des programmes ont été mis en place au sein de la société afin de prévenir la corruption, éviter les conflits d'intérêts ou encore lutter contre la fraude et le blanchiment d'argent.La société a pris l’engagement, au sens du 2° de l’article 210-10 du code de commerce, de répondre à plusieurs objectifs sociaux et environnementaux complémentaire dont se tourner résolument vers le futur au travers d’actions éthiques ; maîtriser son empreinte carbone pour un numérique à faible impact environnemental et se mettre au service des générations futures.« Nous voulons faire de la cybersécurité un environnement de confiance, en reflet de notre propre culture d’entreprise. L’attention portée à l’éthique, la durabilité ou encore l’inclusion sont naturellement au cœur de nos activités. Être un acteur de la cybersécurité ET société à mission dessine de nouvelles opportunités pour notre propre développement et celui du secteur, avec pour ambition une meilleure protection collective des organisations. »[11] témoigne Elena Poincet, co-fondatrice et PDG de TEHTRIS.

La Police nationale et la Gendarmerie ont également un code de déontologie au sein duquel les principes éthiques sont énoncés. La probité, le discernement, le secret ou encore l’impartialité en font partie. Avec le développement des nouvelles technologies et notamment d’utilisation de l’intelligence artificielle au sein des forces de sécurité, de nouvelles questions émergent. La Gendarmerie nationale, en pointe sur ces enjeux, a publié une charte éthique de l’intelligence artificielle. La Gendarmerie veille à ce que l’humain reste au cœur du processus décisionnel lorsque l’IA entre en action.

Si le secteur de la sécurité est engagé sur le terrain pour contribuer à un monde plus sûr, force est de constater qu’il l’est aussi en faveur d’un monde plus durable et plus inclusif.

Un homme vêtu d'une veste marron et d'un sac à dos observe deux tenues exposées, l'une un treillis militaire, l'autre un uniforme de policier avec protection.
  • [1] Charte environnementale du groupe Seris, Seris-group
  • [2] Atteintes à l’environnement : Gérald Darmanin promet «3000 postes de gendarmes verts», Le Parisien, 21 août 2022
  • [3] Airbus, Air France-KLM, Thales, Safran, Dassault Aviation ou encore le Groupe ADP annoncent soutenir la Déclaration de Toulouse sur la décarbonation et le développement durable aux côtés des institutions européennes, 4 février 2022, Site internet Thales Group
  • [4] Enquête de branche Prévention – Sécurité, Observatoire des Métiers de la prévention et de la sécurité privée, 2019
  • [5] “Les femmes dans la cybersécurité : il est temps de briser les stéréotypes !”, Le Journal du Net, 11 mars 2022
  • [6] Securitas, entreprise citoyenne engagée pour l’intégration des femmes, 2 juillet 2020, Infos-securitas
  • [7] Notre ambition : participer à un monde plus sûr, Seris-group
  • [8] Communiqué de presse, Ligencia, agence de sécurité "féministe" fondée par une ex agent du renseignement, Ligencia
  • [9] Capitaine Marine Rabasté, “Avec mon handicap, vais-je pouvoir franchir la porte d’une gendarmerie ?”, GendInfo
  • [10] Charte éthique, Lutèce Sécurité Privée, lutece-securite
  • [11] Tehtris